Enfer et contre toutes Vol.2 : Critiques 6x4t1c

Jigoku no Girlfriend 1vj64

Critique du volume manga 1h3y1y

Publiée le Mercredi, 26 Février 2025 18v3v

Elles avaient beau n'avoir à la base rien en commun en termes de parcours de vie, d'âge ou de personnalité, la mère célibataire Kana, l'éternelle solitaire Yûri et la croqueuse d'hommes insouciante Nao ont entamé une colocation à trois qui, plutôt rapidement, s'est avérée bénéfique pour elles: entre le partage des tâches quotidiennes et l'entraide, elles ont trouvé un certain équilibre, mais ce sont surtout leurs discussions à trois, parfois assez enflammées, qui leur permettent de réfléchir sur elles-mêmes, sur leur rapport à la société et aux hommes, et sur leur propre évolution. Dans ce deuxième volume, alors que Nao se montre un peu plus ferme vis-à-vis de certains mecs (Taisei en tête, qu'elle remballe soigneusement quand il revient la voir avec des paroles franchement réductrices) et qu'elle a le sentiment que les garçons prennent un peu plus de distance qu'avant avec elle, elle conserve toutefois un don pour attirer à elle ces messieurs, mais peut-être les choisit-elle un peu plus consciencieusement qu'avant. C'est toutefois Kana qui est la plus en avant au fil des pages, dès lors qu'elle a l'occasion de se rapprocher sérieusement de son crush Ishihara, le jeune et beau ostéopathe qui a neuf ans de moins qu'elle et dont elle découvre bien des aspects, notamment les plus doux et choupis ! Seulement, elle ne peut s'empêcher de se poser beaucoup de questions sur cette possible relation, au risque de mettre elle-même des barrières devant elle: a-t-elle encore droit de fricoter avec des hommes puisqu'elle est maman ? Qu'est-ce qu'un adorable petit jeunot ferait avec une "vieille" trentenaire qui a en plus un enfant sur les bras ? Sans doute que ses colocataires pourront alors l'aiguiller un peu plus sur ces fameuses barrière qu'elle se met peut-être toute seule, influencée par les diktats silencieux de la société. Reste, alors, le cas de Yûri: visiblement un peu marquée par le mariage de son collègue Hosokawa qui disait l'irer tant, et observant au quotidien les péripéties amoureuses de ses deux colocataires, la célibataire endurcie semble à son tour désireuse de sortir de sa coquille, de se prendre en mains sur le plan sentimental, d'avoir un rencard sauf qu'elle ne sait pas du tout comment s'y prendre... tout ceci, en commençant à craindre qu'un jour, en voyant Kana et Nao bouger dans leurs relations, elle perdre le refuge qu'elle a trouvé dans cette colocation. Vous l'aurez compris, le côté relationnel/amoureux a une place très importante dans ce volume, surtout via Kana qui reste la plus en vue. Mais bien sûr, Akane Torikai ne limite pas tout à fait le volume à cet aspect-là, et nos héroïnes vivent encore un petit paquet d'autres choses: la première nuit de Kana sans son fils qui va dormir chez son ancien mari, une sortie à trois pour se détendre, notre chère maman célibataire qui se montre à bout de nerfs à un moment, la délicate période mensuelle des règles... sans oublier tout ce qui découle de ces moments, en termes de discussions franches quand les trois colocataires (et parfois Shikatani, ne l'oublions pas ! ) se retrouvent dans leur logement. De ces interactions toujours intelligemment écrites, Akane Torikai continue de faire ressortir beaucoup de choses différentes sur la société actuelle, sur son aspect patriarcal et sur la condition des femmes dans celle-ci: l'aspect chronophage de l'éducation d'un enfant, l'obligation contraignante de bien s'habiller, se coiffer et se maquiller, l'inévitable regard des hommes, le sentiment que la valeur des femmes ne dépend que de critères comme l'âge ou le poids, les côtés masculins des femme et les côtés féminins des hommes, les grandes différences d'âge dans les couples où c'est quasiment toujours l'homme qui est bien plus vieux... toute la malice de la mangaka étant de continuer à évoquer ces choses par le prisme d'un certain sens de l'humour rendant la lecture plus légère, parfois même proche de ce qu'Akiko Higashimura a pu faire sur sa série culte Tokyo Tarareba Girls (même si la finalité est un brin différente entre les deux séries). On ressent même par moments une part d'autodérision à travers ces héroïnes, ainsi que des scènes ayant largement de quoi déculpabiliser les lectrices (ne serait-ce que le moment où Kana n'est pas loin d'exploser devant son enfant). A l'arrivée, ce deuxième tome se révèle aussi savoureux que le premier volume. Sous couvert d'un humour qui amène une part de légèreté bienvenue au récit, Akane Torikai sonde avec beaucoup de soin et de richesse, comme toujours, nombre de sujets sur le société contemporaine et la place que les femmes y ont, à travers trois héroïnes aussi différentes que modernes et hors des normes. 6b3r4f


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction